L’Amalgame est contrainte d’annuler sa soirée impro de ce jeudi 6 mai !
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À deux jours de sa soirée d’impro « Katch on Fire », la salle de concert yverdonnoise se voit dans l’obligation d’annuler son événement qui affichait complet. Pour cause : les artistes ne sont pas considéré·es comme professionnel·les et ne peuvent donc pas se produire face à un public. Une clause de la dernière ordonnance fédérale soumise à interprétation.
 
Suite aux annonces d’assouplissement du Conseil Fédéral du 14 avril, l’équipe de L’Amalgame a décidé de repenser son calendrier en suspendant les derniers événements programmés (incompatibles avec les nouvelles mesures) et en ouvrant sa salle pour deux événements au mois de mai. Malgré des mesures contraignantes, L’Amalgame a souhaité retrouver son public, faire vivre la région du Nord vaudois et donner l’opportunité à ses employé·es de pratiquer leur métier après six mois de fermeture et plus d’une année de mesures restrictives. Une soirée d’improvisation théâtrale réunissant des troupes du canton de Vaud, Neuchâtel et Fribourg – toutes structurées légalement sous le forme d’association – était prévue ce jeudi 6 mai. Les 50 places ont été vendues en moins de trois jours.
 
Une demande d’autorisation usuelle a été fournie à la police du commerce d’Yverdon-les-Bains, accompagnée d’un plan de protection adapté. En réponse, le bureau de L’Amalgame a été rendu attentif au fait que seules les activités impliquant des artistes professionnel·les sont autorisées avec du public. « Une activité est considérée comme professionnelle lorsqu’elle constitue au moins une partie du revenu (et qu’elle est déclarée comme telle dans la déclaration d’impôt, autrement dit les petites sommes non déclarées versées en main propre ne sont pas considérées comme un revenu). La plupart du temps, une formation de base spécialisée ou autre sous-tend ce type d’activité. Lorsque l’activité professionnelle implique des participants amateurs, par exemple un cours, les dispositions concernant le domaine non professionnel doivent également être respectées. »*
 
Étant donné l’absence de statut d’artiste et la précarité de la profession en Suisse, cette clause est terriblement contraignante pour le milieu de la culture. Les motifs de cette interdiction pour les artistes non professionnel·les de se produire devant un public demeurent jusqu’à présent flous, voire incompréhensibles. Une salle de concert professionnelle comme L’Amalgame fournit des contrats et des cachets aux artistes qu’elle programme. Ce fonctionnement est répandu et demeure le meilleur moyen de soutenir et de promouvoir la scène locale, majoritairement organisée de façon non professionnelle, faute de statut. Cela ne semble malheureusement pas suffisant pour légitimer l’organisation d’événements dans l’état actuel des choses.
 
Depuis le début de la crise COVID-19, L’Amalgame met tout en œuvre pour se plier aux mesures sanitaires et « se réinventer » (comme le suggèrent les autorités) pour ne pas disparaître. Il est foncièrement frustrant de s’impliquer dans des projets à taille réduite et de se retrouver face à un mur administratif. Où est la reconnaissance des artistes et du secteur culturel suisses ?
 
*Rapport explicatif concernant l’ordonnance du 19 juin 2020 sur les mesures destinées à lutter contre l’épidémie de COVID-19 en situation particulière (RS 818.101.26), version du 27 avril 2021, p. 30.